LES ÎLES DU SALUT / L’ÎLE SAINT-JOSEPH / J11

Après une pause déjeuner sur le catamaran nous mouillons devant l’Île Saint-Joseph. Certains embarquent à bord du bateau pneumatique pour atteindre l’île d’autres y vont à la nage!

ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.2La matinée a été consacrée à l’observation à bonne distance de l’Île du Diable (ici) et à la visite guidée de l’Île Royale (ici). L’après-midi est dédié à la visite de l’Île Saint-Joseph.

ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.A droite du débarcadère se trouvent des bâtiments. Il s’agit de ceux de la légion étrangère le 3ème R.E.I de Kourou qui a une base sur l’île Saint-Joseph. Si je ne me trompe pas, c’est une base de repos. Aujourd’hui certains légionnaires s’affairent au jardin. Cela nous surprend de voir des légionnaires faire du jardinage. Admirez le travail 😉

ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.38 ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.37Nous décidons d’effectuer le tour de Saint-Joseph en suivant le sentier jonché de racines et de feuilles, bordé de cocotiers et de roches habitées par la mousse. Pas de problème de cadrage, les cocotiers sont bien penchés de la sorte.

ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.26IleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.28ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.10ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.20Plusieurs fourmis Atta s’affairent, elles transportent des morceaux de feuilles. Lorsque l’on aperçoit leur ballet de loin cela fait bizarre, on croit que nos yeux nous jouent des tours car c’est une sorte de danse de feuilles vertes qui apparait.

ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.29Au bout de cinq minutes nous atteignons la seule « vraie » plage des trois îles. Nous décidons ne ne pas nous y attarder car la plupart des autres passagers s’y installent et surtout parce que la mer est agitée à cet endroit (d’ailleurs ça n’a pas manqué un jeune homme ignorant les conseils délivrés s’aventura pas trop loin mais suffisamment pour être en difficulté car il avait mal apprécié la force et le sens des vagues, bref toujours écouter les recommandations des locaux).

ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.34Peu après nous passons le long du cimetière marin où les surveillants et leurs familles furent inhumés ainsi que cinq médecins, cinq prêtres et quatorze religieuses face à la mer. Deux cent stèles dont les sépultures ont été pillées et volées. Eux avaient le droit à une sépulture contrairement aux bagnards dont les corps étaient jetés en mer et dévorés par les requins.

ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.54J’aime beaucoup Saint-Joseph malgré qu’il y règne une atmosphère assez grave, renforcée par les vagues qui se jettent violemment aux pieds des roches de l’île, les cocotiers portent les stigmates de la puissance du vent et de la mer. C’est une île plus sauvage que ces consœurs.

ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.22Lors de cette promenade, nous évoluons sous un ciel de feuilles de cocotiers. A droite tout est calme et silencieux, la nature nous enveloppe de son généreux cocon de verdure. A gauche tout n’est que bruit et heurt. La mer d’apparence calme s’élance sans relâche à l’assaut des gros rochers noirs impassibles de l’île Saint-Jospeh.

ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.24ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.345ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.25Ce sentier offre plusieurs points de vue sur l’Île du Diable et sur l’Île Royale. Ce que l’on voit et perçoit ici est beau et tragique à la fois. Il faut être sur place pour entrevoir toute l’horreur du Bagne. On croirait percevoir les murmures des déportés mais ce ne sont que des tours joués par la faune et la flore.

ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.11ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.23ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.21Nous avons presque parcouru l’ensemble du sentier et donc effectué le tour de l’île lorsque nous arrivons à la « piscine des forçats ». Ambiance très étrange. En plus un ancien légionnaire est assis immobile face à cette « piscine » dont nous apprenons qu’elle fut exigée par les médecins du Bagne à la fin des années trente pour prévenir les maladies par carence. La barrière en pierre protégeait du ressac et des requins.

ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.32ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.33ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.31Il est possible bien qu’interdit (pour raison de sécurité) d’aller sur les hauteurs jeter un coup d’œil aux ruines des cachots. Ils ont la réputation d’être remarquables ici. Nous choisissons de ne pas nous y rendre et préférons aller nous baigner aux abords du catamaran.

ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.36ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.30L’île Saint-Joseph, dite la silencieuse était l’île la plus redoutée par les bagnards car il leur était interdit de parler et de faire le moindre bruit. Sans compter, l’isolement ils ne voyaient personne, les sorties, le courrier, étaient proscrits. Pas non plus de lit, de paillasse ou de couverture. Les cellules de la réclusion avaient des barreaux en guise de plafond, cela permettait aux gardiens une surveillance permanente par une passerelle située au-dessus des cellules. Certains gardiens en profitaient pour humilier les prisonniers en leur crachant ou en leur urinant dessus. Enfermés entre quatre murs de ciment de 2m sur 1m40, les bagnards étaient rapidement frappés de maladies physiques (scorbut…) ou mentales. On en sortait mort ou fou. D’ailleurs l’Île Saint-Joseph accueillait l’asile des aliénés qui eux aussi étaient en cellule. Des cellules avec des barreaux en lieu et place de plafond. Ambiance… Albert Londres parlera de cages.

L’Île Saint-Joseph, le Bagne du Bagne.

ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.432Du bagne on s’évade peu mais lorsque l’on s’évade c’est par la mer. Le suicide était également une manière de s’évader. L’administration pénitentiaire a consigné une moyenne de 20% d’évasions par an soit environ 300 à 400 hommes. Seul 1% des évasions est couronné de succès. Et là il fallait être vigilant, chasseur de prime, animal sauvage, anciens bagnards représentaient autant de menaces.

ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.3065C’est impressionnant de voir comme la nature a vite reprit ses droits après la fermeture des bagnes. Les anciens cachots luttent contre l’inexorable envahissement de la végétation. Peu à peu les vestiges de ces heures peu glorieuses de l’histoire s’estompent.

ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.58Il est possible de dormir sur les îles en hamacs (Île Saint-Joseph) ou à l’hôtel (Île Royale).

ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.56Je trouve regrettable que ce pan de l’histoire de France ne figure pas au programme scolaire. Bien-sûr tout ne peut pas être balayé mais les bagnes ont façonné l’histoire de la Guyane c’est à dire la France et de la pénitentiaire française en particulier. J’espère que les fonds nécessaires seront récoltés pour préserver et réhabiliter certaines bâtisses et entretenir la mémoire collective de manière pédagogique. Le bagne semble encore tabou, synonyme de honte il faut aller au-delà et accepter et comprendre. Le Bagne fait partie de notre histoire et de notre patrimoine.

ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.30567De longues minutes à nager au large de Saint-Joseph puis il est l’heure de regagner le continent. La traversée du retour sera aussi agréable qu’à l’aller à ceci près que les esprits sont ailleurs. Déjà les contours de la côte se dessinent et l’hôtel de la Pointe des Roches nous apparait tel un phare. Jolie vue depuis le catamaran. Le soleil se couche.

ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.65543ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.39Cette journée aux Îles du Salut m’a beaucoup marqué. Depuis, je me documente et lis pour mieux comprendre l’histoire des Bagnes de Guyane et d’ailleurs. Pour l’heure chaque page tournée me stupéfait. Quelle monstruosité que cette institution. A travers les témoignages, les documents d’archives et travaux de mémoire des différents journalistes et auteur(e)s transparait parfois un soupçon d’humanité souvent même d’humour parmi le vice et le désespoir inhérents aux Bagnes.

ÎleRoyaleGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.098ÎleSaintJosephGuyane_claireline.wordpress.com.JPG.98A l’issue de cette journée j’ai acheté un livre : Le Grand Livre du Bagne d’Eric FOUGERE aux éditions Orphie. Je l’ai bien entamé, il est très bien écrit, le style de l’auteur est clair et soutenu. Cet ouvrage est bien documenté. J’apprécie son format et également son « découpage » à savoir, que les pages de gauche du livre contiennent des témoignages historiques sur les bagnes accompagnées de photos ou d’illustrations tandis que les pages de droites sont consacrées au récit explicatif. Je suis allée de surprises en surprises. J’y consacrerai prochainement un article dans la rubrique « SOME MORE – LECTURES ».

Une visite aux Îles du Salut est un passage obligé lors d’un voyage en Guyane. Fort en émotions et instructif.

XOXO

☆Claire-Line☆

Article non sponsorisé.

6 réflexions sur “LES ÎLES DU SALUT / L’ÎLE SAINT-JOSEPH / J11

  1. De tous les endroits que j’ai visité dans le monde ,la Guyane et les îles du saluts m’ont le plus marqué.
    Ces îles sont « habitées » et cela est troublant et envoûtant à la fois.
    Inoubliable à vie.

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