Aujourd’hui nous retournons à la tumultueuse Pointe des Roches pour embarquer à bord d’un catamaran direction les îles du Salut à 15km au large de Kourou mais administrativement rattachées à Cayenne et gérées par le CSG. La Guyane continue de nous offrir de belles surprises mais également de nous apporter des connaissances nouvelles sur l’histoire de la France et bien évidement la France d’Outre-Mer.
Nous quittons Cayenne sous un ciel clément pour arriver à Kourou sous un ciel menaçant. A l’heure de larguer les amarres le vent s’est levé et la pluie nous fouette de toute part. Cela n’altère pas ma joie d’explorer les îles du Salut car bien souvent le temps au large est différent.
Un bel arc-en-ciel apparaît soudain. Top! Nous partons. Nous regardons La Pointe des Roches devenir de plus en plus petite. Incroyable nous apercevons les pas de tirs du Centre Spatial Guyanais (ici).
La traversée se passe bien, thé-café-galettes bretonnes sont offerts. L’espace sur le bateau est suffisant, il permet d’être tranquille ou de converser à notre guise avec les autres passagers.
J’ai hâte de découvrir ces lieux de tous les vices, de toutes les peines et désespoirs évoqués par un des frères Degrave dont j’ai en partie découvert la réalité lors de la lecture de « de pareils tigres » (ici) et traité particulièrement dans son seul récit du Bagne « Le Bagne » disponible gratuitement sur Gallica (ici).
Les îles du Salut sont au nombre de trois : l’île Royale, l’île Saint-Joseph et l’île du Diable. Ce furent des terres de souffrances mais également des terres salvatrices. Clairement plus des terres de souffrances, hein. Nous venons aux Îles du Salut pour découvrir les ruines du Bagne qui a profondément marqué la Guyane jusqu’en 1946.
Les îles du Salut : paradis d’enfers. Paradis tel que l’on peut le concevoir depuis la métropole, climat tropical, végétation luxuriante, mer bleue à perte de vue … Ce n’est en partie qu’illusion puisque le climat y est rude et les éléments pas si cléments : soleil de plomb, tempêtes tropicales, insectes, humidité… Enfers aux pluriels. Jeu de mot en référence aux fers qui meurtrissaient les chairs des bagnards, à l’enfer qui y régnait (moral et physique) et aux enfers qui selon les mythes est le lieu d’où l’on revient jamais, « le pays sans retour », la demeure des morts, bagnards qui ne revenaient que trop rarement des bagnes où l’espérance de vie y étaient dramatiquement faible (4 ans en moyenne). Telle est la désolante réalité des bagnes indissociables des îles du Salut.
Le trajet en catamaran dure à peu près 01h30-02h00 pour l’aller et un peu moins selon le vent pour le retour. Je prends plaisir à me retrouver sur ce bateau car j’aime beaucoup le catamaran et ses conditions de navigation. La mer est légèrement houleuse, de quoi faire palpiter un peu les cœurs et se prendre au jeu des vagues. Un tout petit nombre de personnes est malade prostré à l’arrière du bateau.
Au large, point de pluie, juste le vent qui fait du bien après ces jours et ces jours dans la chaleur et l’humidité du continent.
Nous remarquons sur l’eau une démarcation marron versus bleue. Depuis notre arrivée en Guyane, fleuves, rivières, eaux sont marron cette démarcation est le signe que nous voguons désormais sur l’océan Atlantique. La mer revêt un bleu-vert familier. L’horizon dévoile peu à peu les silhouettes des trois îles bien vertes. Le catamaran est positionné de telle sorte que le tableau est superbe. Certains y voient la forme d’un caïman. Qu’est-ce que cela devait être à l’époque des premiers explorateurs que ce moment où l’on découvre des terres jamais explorées!
Un point blanc se fait de plus en plus gros à mesure que nous approchons. La pouasse, un énorme bateau de croisière!! Zut, zut et zut! Pas de bol des centaines de touristes américains ont investi l’île Royale. Cela nous « gâche » un peu le plaisir bien que nous aussi soyons en visite touristique nous avions envie de quelque chose de plus confidentiel. Heureusement à Saint-Joseph ce sera le cas.
Alors que nous longeons l’île du Diable le ciel s’assombrit et c’est parti pour 15 minutes de pluie et de vent corsé!
L’île du Diable, fut une terre réservée aux lépreux puis aux prisonniers politique (réfractaires colonies, traites à la nation c’est à dire les espions) et pendant un siècle aux femmes bagnardes (913 en tout depuis 1858 et dont la dernière sera Marie Bartête arrivée en 1913).
Elle fut également le lieu d’incarcération de Dreyfus pendant cinq ans. Ci-dessous la maison dans laquelle il était gardé sous surveillance constante. Maison classée monument historique. Plus tard, suite à des soupçons de préparation d’évasion, un muret fut construit afin qu’il ne puisse plus avoir de vue sur la mer. Insolite : un Transbordeur (téléphérique) assurait une liaison entre l’île du Diable et l’île Royale pour ravitailler cette première. A ce jour il n’est pas possible d’accoster et de visiter l’Île du Diable.
La nature témoigne ici très clairement de la violence des éléments. Imaginez un instant ces îles à l’origine dépourvues de cocotiers, le côté hostile de ces lieux ressort tout de suite. Quelques manœuvres et nous arrivons face à l’île Royale où nous passerons plusieurs heures à la visiter (ici). Une belle envolée d’oiseaux comme accueil, royal non?!
XOXO
☆Claire-Line☆
Article non sponsorisé.
Super journée
Oui riche sur beaucoup de points.